Une semaine après la Journée Montesquieu et Nous, le Cercle des Amis de Montesquieu s'est à nouveau réuni, salle Latapie, autour de Gilles Montègre. Ce dernier, de passage à Bordeaux, nous a fait l'amitié de nous présenter "Le Cardinal de Bernis" ouvrage collectif, écrit avec vingt-quatre spécialistes internationaux (historiens, historiens de l'art, etc), dont il a assuré la direction.
Il y a quelques années, l'universitaire, après avoir retrouvé les archives du Cardinal de Bernis, s'est demandé pourquoi ce personnage fascinait autant, puisqu'on le trouve cité dans des romans, des bandes-dessinées ou encore dans des films comme, par exemple, le "Casanova" de Fellini" en 1976.
Pendant plus d'une heure, Gilles Montègre nous a dressé le portrait de ce célèbre Cardinal né en 1715 (mort de Louis XIV) et mort en 1794 (mort de Robespierre).
Cadet de sa famille, il s'est rendu à Paris pour faire carrière dans l'église. Très vite, il se met à écrire des poèmes et est élu, à l'âge de 29 ans, à l'Académie Française. Ministre en 1757, Cardinal en 1758, il se rend à Rome en 1769 à la mort de Clément XIII pour négocier l'élection du nouveau Pape, Pie VI. Nommé en même temps ambassadeur à Rome par Choiseul, il occupera ce poste durant vingt-cinq ans. Pendant toute cette période, il entretient une correspondance avec des écrivains, des ambassadeurs, des diplomates. Il écrit quotidiennement au ministre de Louis XV, Vergennes, à ses confrères et à ses amies, comme la duchesse de Civrac ou la marquise du Puy-Montbrun. Il a beaucoup d'amies femmes ; le XVIIIème siècle est le siècle où s'invente l'amitié entre les hommes et les femmes ; Bernis pense que l'amitié des femmes est plus fidèle que celle des hommes. Les archives de Bernis sont pratiquement toutes épistolaires et, comme il est resté à Rome durant la Révolution Française, elles n'ont pas été dispersées. Grâce à elles nous savons également que Bernis développait tout un réseau d'espions, dont Casanova faisait partie, et qu'il dépensait tous ses revenus annuels en réceptions. Pour Gilles Montègre, il a inventé une sorte de diplomatie, la diplomatie gastronomique reprise ensuite par Talleyrand.
A la fin de cette conférence passionnante, suivie de nombreuses questions et d'une séance de dédicaces, nous avons rejoint la Table de Montesquieu, où nous avons très bien déjeuné dans une ambiance fort conviviale.