Pour cette première Rencontre de l'année, les adhérents du Cercle se sont retrouvés le samedi 25 février à 10h15, salle Latapie à La Brède.
Le programme de la matinée était intense puisque la réunion a débuté avec l'Assemblée Générale et s'est poursuivie avec la conférence d'Aude Péraud.
Au cours de l'AG, le président, Alexandre, a rappelé les raisons pour lesquelles le Cercle et le Prix Littéraire avaient été créés et remercié nos fidèles partenaires qui nous suivent au fil des années dans cette belle aventure. Après le rappel des activités de 2022 et l'évocation des projets de 2023, deux sujets importants ont été abordés :
- Nous avons été sollicités par l'Association "Pierres de Mémoire" qui dispose des plaques commémoratives (Stolperstein) pour honorer des soldats de la deuxième guerre mondiale victimes du nazisme. En 2015, à La Brède, une première Stolperstein avait été posée autour du monument aux morts pour honorer Fernand Lasperches, prisonnier de guerre, mort de tuberculose loin de son village et de sa patrie. Cette fois ci cinq nouvelles Stolperstein doivent être implantées à La Brède. Mais les fonds n'étaient pas suffisants pour finaliser ce projet. Le Cercle n'a pas pu faire de don en son nom, puisqu'il n'y avait pas de lien direct avec Montesquieu ou le XVIIIème siècle. Nous avons donc fait appel à votre générosité et avons fait circuler un chapeau dans l'assistance, qui nous a permis de récolter environ 200 Euros . Nous vous remercions infiniment pour cette somme que nous avons transmise à "Pierres de Mémoire" et ne manquerons pas de vous tenir informés de la date choisie pour la commémoration.
- Notre nouveau projet est la création du Prix Littéraire Jeunesse, à l'initiative de Rachel Morin. Cinq ouvrages ont été sélectionnés (4 romans et 1 Bande-Dessinée) et soumis à une cinquantaine d'élèves des classes de 4ème et 3ème. Rachel a démarché pour cette première année les collèges de La Brède et Saint Selve. Suivant le succès de cette première édition les collèges de Léognan et Cadaujac pourront à terme être sollicités. Les élèves doivent lire les ouvrages et voter durant la semaine du 24 avril. Un cadeau sera remis à chaque participant et lors de l'annonce du Lauréat, ce dernier sera présent en visioconférence.
Après avoir annoncé que la Journée" Montesquieu et Nous" se tiendrait cette année le samedi 7 octobre, l'AG s'est achevée par la présentation du Bilan Financier.
Place ensuite à notre amie Aude Péraud-Rousselet qui nous a enchantés par sa conférence claire et savante sur les Jésuites.
Cet ordre religieux fondé par Ignace de Loyolla, dont la devise est "aimer et servir" s'est implanté en France au 16ème siècle. Il y avait 11 Collèges en 1560 et en 1561, l'installation des Jésuites est devenue officielle et soutenue par Catherine de Médicis. Ils se sont érigés comme le fer de lance de la religion catholique.
A Bordeaux, ils ont créé le Collège de la Madeleine, actuel Lycée Montaigne. En 1643, il y avait une centaine de collèges Jésuites dans une ville où on craignait l'expansion des protestants. Il était de bon ton pour les nobles bordelais d'envoyer leurs fils à la Madeleine, pour asseoir leur notoriété. Ils y obtenaient un titre de Maîtres es Arts. Les Jésuites ont été les premiers à mettre en place des classes que l'on nommait numériquement (6ème, 5ème, etc..). On ne pratiquait pas de châtiments physiques, on donnait plutôt des punitions. Il y avait des récréations dans des cours spécialement conçues pour ça et pendant ces moments là les élèves faisaient du sport. Les Jésuites donnaient également des cours de théâtre. Il y avait aussi des vacances scolaires. La rentrée était le 18 octobre, après les vendanges auxquelles les enfants participaient.
Tous les enseignements étaient dispensés en latin qui était appris par des cours de grammaire et par la lecture des auteurs classiques. En revanche, le théâtre était en français car il fallait comprendre la morale des pièces étudiées. On apprenait aussi la géographie car Bordeaux étant une ville portuaire, il fallait connaître les colonies dans lesquelles les missionnaires pouvaient être envoyés. Le cursus de théologie était en outre très renommé à Bordeaux.
Mais à la fin du 17ème siècle, les Oratoriens de Juilly (fondés en 1638) vont faire de la concurrence aux Jésuites. Même si les frais de scolarité sont très élevés, les bordelais fortunés et nobles vont progressivement être envoyés là-bas. A Juilly les cours sont en français et à l'inverse des Jésuites, l'établissement possède un Internat. Entre 1740 et 1744, 132 bordelais rejoignent les oratoriens.
Petit à petit les Jésuites vont devenir la cible privilégiée des philosophes, à cause de leurs liens avec le pape. Il va y avoir une hostilité croissante de la part des élites municipales. Tout ce qu'ils font va être critiqué, notamment les vacances scolaires. On les voit comme des agents de la papauté.
En 1762, les parlementaires vont dénoncer les Jésuites et dire qu'ils sont dangereux pour Bordeaux. En 1772, leurs établissements seront fermés. Mais à peine expulsés qu'ils étaient déjà regrettés. Même, s'ils ont été rétablis en 1814, ils ont toujours fait l'objet d'une chasse aux sorcières.
Merci Aude pour cette intervention passionnante, racontée d'une manière agréable et mettant à la portée de tous un sujet parfois méconnu et abstrait pour certains d'entre nous.
Après ces plaisirs culturels, place aux plaisirs gustatifs. Nous avons rejoint le restaurant "Le Philosophe" à La Brède, où nous avons dégusté un très bon repas dans une ambiance chaleureuse et amicale.
A nouveau, nous avons partagé un très bon moment, et vous donnons rendez-vous à la prochaine Rencontre.